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Benoit Rajau
Benoit, comment êtes-vous venu à la photographie ? J'ai découvert la photographie à l'adolescence : mon père me jugeant sûrement suffisamment responsable m'autorise alors à utiliser un boîtier KONICA et ses 2 objectifs, un 24 mm et un 135 mm. Le même été il m'enseigne les principes de base de la photographie, en particulier la relation entre ISO / vitesse / diaphragme. A la fin des vacances, je fais ma rentrée avec le Konica dans mon sac à dos. Par chance il y a un club photo dans le collège. Je découvre la partie laboratoire, en noir et blanc. Je vis alors la photographie avec une grande liberté et j'ai une prédilection particulière pour les manifestations... ou j'observe le travail des pros, avec une certaine envie. J'ai mené mes études jusqu'au bac, loupé l'Ecole d'Arles, et je rencontre Bruno Barbey alors que je rentre d'un voyage en Pologne... ou j'avais fait des photos.
Diriez-vous que vos photographies sont des photographies d'architecture ? Je n'en suis pas certain du tout ! Mes images prennent beaucoup de liberté avec la réalité, et mon boîtier Noblex, ne me semble pas le bon outil pour des images d'architecture au sens strict. Il y a pas mal de déformations dans mes images, notamment sur les lignes horizontales qui sont tantôt concaves et tantôt convexes. Cette série, "joue" avec l'architecture de Roissy et de son gigantisme. Mais avant de la débuter, je n'avais pas d'idée de ce sur quoi j'allais précisément travailler.
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l'auteur
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Avez-vous un goût spécial pour le labyrinthe ? Pensez-vous que la modernité soit inquiétante ? Non, je ne pense pas avoir de goût spécial pour le labyrinthe et l'idée de se perdre qui y est associée... mais visiblement, les architectes oui ! Je me suis "paumé" à de nombreuses reprises, tant les lieux se ressemblent, notamment dans les zones de parking... qui sont, et vous avez raison, de vrai labyrinthes. Si modernité rime avec gigantisme, alors effectivement cela est inquiétant, et me fait aussitôt penser à la tour de Dubai et ses 828 mètres... de démesure... et les projets pour la dépasser sont déjà en cours... Ce qui est inquiétant dans cette forme de modernité et de gigantisme, c'est la déshumanisation des lieux qui, souvent, l'accompagne. Les zones parking de Roissy sont immenses, avec pour seule vocation d'aligner des voitures les unes à côté des autres. Ce sont des zones froides, inquiétantes, surtout de nuit, avec un bruit de fond constant, des annonces automatiques de sécurité... qui ajoutent encore à la froideur des lieux.
Le fait que les lieux soient déserts vous intéresse-t-il ? C'est effectivement un choix d'avoir des lieux déserts. Ce choix s'explique par mon envie d'avoir des images très construites et composées, avec juste les lignes des bâtiments. Une voiture garée, au mauvais endroit et la construction de ma photo ne fonctionne pas... du coup je dois attendre ou parfois je renonce. Aussi, de nuit, les poses sont très longues ; dans ce cas il est impossible d'avoir de l'humain sur les images.
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Ces images sont faites au moyen format Noblex. Pourquoi le choix de cet appareil ? (pellicule utilisée, technique, avantages et inconvénient de l'appareil) J'ai commencé avec cet appareil en 1996 lors d'une série de prises de vues du Concorde à Roissy, sur la zone de maintenance. J'avais sollicité MMF-PRO importateur à l'époque, pour obtenir un prêt de quelques jours, et j'ai fait ainsi mes premières images sur film 120, ainsi que mes premiers panoramiques. Ensuite au début d'un travail sur l'usine metaleurop en 2003, j'en ai acheté un. C'est un appareil très particulier avec son optique tournante (50 mm) et son champs de 146°. J'ai envie de dire que c'est un vrai panoramique, car le seul à avoir cette optique tournante, qui permet de voir si large. Inconvénient majeur : la déformation des lignes horizontales, de plus en plus concaves ou convexes à mesure qu'on s'éloigne du centre de l'image. Les effets de rotondité sont parfois très désagréable au point que je renonce à faire la photo ! En fait tout cela oblige à pré-concevoir l'image et surtout à bien penser à toutes les lignes horizontales. Il faut vraiment construire sa photo. Pour le reste, je travaille avec le film portra 160 VC.
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dernière modification de cet article : 2010
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