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l'auteur
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Une porte d'entrée dans le grand format : faire des images rondes avec l'hybis 90par Gilles Barbier
IntroductionC’est en mettant de l’ordre dans mon atelier photo un jour du mois de mai que j’ai redécouvert un dos springback 20x25 en bois muni de son dépoli (vraisemblablement d’origine Kodak), un soufflet 20x25 et un vieux Schneider Angulon (pas le Super Angulon) 6,8/90mm monté sur un Synchro Compur (au vu du n° de série il doit dater du début des années 50). Caractéristiques de l'angulon de 90
http://www.schneideroptics.com/info/vintage_lens_data/ L’idée m’est venue de les marier pour construire un dispositif me permettant de mettre en œuvre et de vérifier quelques principes basiques en photographie, entre autres la distance focale, le cercle d’image nette, l’hyperfocale et les cercles de confusion. L'enfant issu de ce mariage sera une boîte à image à focale fixe. ThéoriePour cette optique le constructeur annonce les données suivantes
: Donc si les objectifs donnent une image ronde, je devrais obtenir un image sous forme de disque, ne couvrant pas tout le plan film 20x25 et fortement vignettée sur la périphérie. Cette optique étant fixe, sans possibilité de mise au point (j’ai abandonné l’idée d’utiliser le soufflet qui était superflu), j’ai opté pour un calage à l’hyperfocale. L’ouverture minimum étant F32, j’ai choisi de me caler à l’hyperfocale correspondant à F22. Rappel de la formule permettant de calculer l'hyperfocale : Sur les conseils précieux et éclairés d’Emmanuel Bigler, que je
remercie, j’ai choisi une valeur de cercle de confusion de 150
microns. Ces indications suffisent à placer correctement l'objectif, en
augmentant ces distances de la petite extension de tirage
correspondant à une mise au point sur l'hyperfocale de f/22 à 2,45m.
Ce qui nous donne une distance entre la face d'appui de l'objectif sur la planchette et le film réglé sur l'hyperfocale de 93 mm environ pour cet objectif particulier ; pour tout autre objectif de focale différente mais avec le même diaphragme et le même cercle de confusion, il suffit d'ajouter ces 3,3 mm au tirage optique ou mécanique de l'objectif utilisé. La profondeur de foyer totale à f/22 étant égale à plus ou moins 22 fois le cercle de confusion de 150 microns choisi, soit plus ou moins 3,3 mm, on voit qu’on n’aura pas vraiment besoin d'instruments de précision pour faire le seul réglage initial de l'appareil. PratiqueToutes ces considérations théoriques étant admises, il fallait passer à la pratique. Quelques schémas et un plan définitif ont permis de déterminer les cotes de la boîte. Pour effectuer la mise au point à l’hyperfocale j’ai opté pour un montage de l’optique sur un tiroir coulissant. Le dos avec son dépoli est solidaire de la boîte grâce à des glissières latérales.
Donner des cotes est bien difficile, car il faut calculer toutes les dimensions par rapport à la forme du dos de départ. La seule cote intéressante que je peux donner et qui ne devrait pas varier pour d’autres constructions (avec le même objectif) est la distance entre la face externe de la planchette porte objectif et la face interne du dépoli. Après calage à l’hyperfocale à F22 (2,45m) elle est de 92mm.
Toute la boîte est en contreplaqué de 8mm (les 4 côtés, la façade
avant et les 4 côtés du tiroir). La planchette porte objectif est en
contreplaqué de 3mm. Les glissières du dos sont en tasseau de
10x10mm, la partie fixe qui permet de guider le tiroir est en
tasseau de 25x10mm. Tous les morceaux de contreplaqué ont été
débités par un magasin de bricolage. On engage le dos dans sa glissière, on fixe l’optique sur la planchette et le tiroir est mis en place. On peut alors procéder au calage à l’hyperfocale. Pour cela j’ai réalisé une mire en noir et blanc au format A3 que j’ai placée à 2,45m de la boîte fixée sur un pied. La mise au point se fait en avançant ou reculant le tiroir. Lorsqu'on est au point sur le dépoli on repère la position du tiroir et on le bloque (je l’ai collé de l’intérieur). Au final j'ai obtenu une boîte carrée de 310mm de côté, de 125mm d’épaisseur objectif et dos compris pour un poids de 2,2kg avec un châssis engagé. Remarque : je n’ai pas fignolé les finitions externes, mon but étant d’obtenir du fonctionnel pratique et robuste. Ce prototype me permettra une construction identique toute en noyer cet hiver. Les essaisOn procède aux premiers essais : la boîte, un pied, un châssis chargé et une cellule, le tout dans la voiture et... 3 km plus loin le ponton sur l’étang est dans la boîte. Pas de film voilé, la boîte est bien étanche. Ces images ont été faites sur pied, à F22, sans visée sur le dépoli, à l’inspiration.
Toutes les images présentées ici ont été tirées par contact sur papier baryté et c’est le positif scanné que vous voyez. Pour moi, c’est une boîte facile à transporter, avec laquelle on peut dégainer rapidement compte tenu qu’on peut l’utiliser à main levée avec du HP5 (prévoir un petit niveau pour contrôler l’horizontalité). Le résultat et les images produites correspondent tout à fait aux attentes, des images rondes, typées, nettes apparemment bien en deçà de 1,20m, dont le CIN est de 175mm en moyenne. Les ciels sont très bien rendus et sur certaines images ils se terminent en filaments. C’est une constatation pour laquelle je n’ai aucune explication… J’estime le coût de revient de cette construction à environ 150 euros (dos + Angulon + matériaux divers). On peut très bien imaginer de réaliser une boîte sans dos springback et dépoli. Il suffira de réaliser un logement dans lequel on insèrera le châssis (en étant précis pour bien avoir les 92mm entre la planchette et le plan film). Dans ce cas le coût de revient sera sérieusement abaissé, d’autant qu’on trouve en occasion des Angulon de 90mm pour 50 à 80 euros. Pour ceux qui aiment viser, on peut installer sur le haut de la boîte un viseur d’objectif 25mm (équivalent 24x36). Le cadrage est très proche de la future image sur le plan film (mais pas ronde !).
J’espère que ces propos permettront à quelques uns de mettre un pied dans le Grand Format en réalisant cette construction simple et très primaire qui permet de mieux appréhender et comprendre la réalisation d’images spectaculaires. Ensuite on pourra appliquer ces grands principes et créer d’autres boîtes avec des focales ou des formats différents. Si j’ai appelé cette boîte Hybis 90, c’est pour HYperfocale Boîte à ImageS (toute ressemblance avec….). A vous de jouer et faire revivre les vieilles optiques en combinant format et focale tout en prenant bien sûr un maximum de plaisir. Gilles Barbier Septembre 2005
dernière mise à jour : octobre 2005
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