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Area Parkune interview par Pierre Filliquet
Dans la production photographique coréenne actuelle, il me semble que vos images se démarquent nettement par une position critique, plutôt que simplement esthétique. Vous avez ainsi participé à plusieurs expositions qui montraient les limites de la photographie documentaire. Quelles sont vos intentions lorsque vous exposez dans des galeries et des musées, des séries comme "Arbeit", "the game"ou "boys in the city" ? “The Game” est un récit à propos de la division de la péninsule et “Boys in the City” traite d’adolescents qui vivent dans la ville. Le contenu des deux sujets imprègne profondément nos vies. En outre, si ces sujets ont été abordés de nombreuses fois par les médias au travers de programmes de télévision et de reportages, ils ne l’ont été que très rarement dans le monde de l’art par le biais de la photographie. En conséquence, en exposant des œuvres dans un musée, lieu considéré d’ordinaire comme autoritaire et formel, j'ai tenté de montrer notre société d’un point de vue différent au travers de différents sens et de solliciter ainsi une réflexion à son sujet. J’ai aussi tenté d’anticiper une suite par un développement alternatif au travers de la construction d'un nouveau discours issu de la critique et de la discussion En conclusion, je ne peux pas dire que j’ai rencontré un succès immense mais je pense que mes intentions ont été exprimées dans plusieurs entretiens dans les médias. |
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le photographeArea Park http://ny7train.egloos.com/1878333
1971 Né à Pusan, Corée Expositions individuelles :
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Vous avez beaucoup utilisé un format peu courant, et d'autant moins pour ce genre de sujet : le 6x17 cm. Pourquoi l'avez-vous choisi ? Quels en sont les avantages et les inconvenients ? Il y a une tendance
usuelle à considérer qu’un appareil photo panoramique format 6x17
devrait être utilisé pour la photo de paysages mais j’ai tenté
d’aller à l’encontre de ce stéréotype.
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Interview par
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Comment définiriez-vous les specificités de la la société et la culture coréenne, que nous connaissons si mal ici ? Comment cela se traduit-il à votre avis dans le travail des photographes actuels ? La Corée peut être facilement décrite comme étant la nation de la vitesse. Une des expressions les plus utilisées en Corée est « bbalibbali » « vite vite ! ». Tout comme l'exposition de photographie contemporaine coréenne, organisé par Celina Lunsford et Young-June Lee à Francfort en Allemagne (2005) est appelée « en avant toute » (Fast Forward), les Coréens vivent et meurent à toute allure. En à peine 10 minutes on peut vous livrer à domicile un repas chaud, un mariage solennel est expédié en 30 minutes et certains tendent la main pour récupérer le café distribué par une machine automatique avant même que le gobelet ne soit tombé. Cette obsession de la vitesse a apporté la stabilité politique et une croissance économique rapide en Corée même au lendemain de la guerre de Corée - dans un sens externe, mais ces évolutions entraînent de nombreux problèmes. Comparons, par exemple, Séoul et Paris. Paris est une ville où cohabitent le quartier de La Défense et l’historique colline de Montmartre. Séoul, à l’opposé, a mélangé ces deux modèles de sorte qu’il n’y a qu’un paysage urbain à mi-parcours des intermédiaires. Il y a beaucoup de bâtiments historiques le long des quais de la Seine mais à Séoul aucun bâtiment le long de la rivière Han n’a plus de 50 ans. En Corée lorsqu’on considère qu’un bâtiment n’est plus pratique, il est démoli et quelque chose de neuf est construit à sa place, Fuck.
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Traduction
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Vous avez fait votre service militaire (deux années) dans les marines coréens, et l'armée est très présente dans votre travail... vous connaissiez personnellement les enfants de réfugiés Nord coréens que vous avez photographiés ... D'une manière générale, je ne crois pas que vous ayez ce que l'on appelle "une vie tranquille". Qu'elle est la part d'autobiographie dans votre travail ? Tout coréen en bonne santé doit servir dans un service obligatoire. A cause du fait que je n'aime pas faire comme les autres, je voulais être Marine, ce qui est réservé à une sélection d’environ 1% des individus. J’ai été entrainé et ai monté la garde à un endroit où je pouvais voir la Corée du Nord, seule une mince bande de rivière divisant les deux pays (Corée du Nord et Corée du Sud). J’ai vécu la réalité de cette situation au travers de mes yeux et de mon corps et ceci m’a beaucoup aidé dans mon travail. Plus encore, je le fais parce que les autres ne le font pas. Il est difficile de juger et de dire qu’une personne semble avoir eu une vie tranquille, les avis sur les valeurs de ce que peut-être une vie sereine sont subjectifs. Par exemple : nos deux épouses sont japonaises. J’ignore ce qu’il en est pour la France mais en Corée on est fier d’avoir un lignage avec un sang homogène et de ce fait il est mal vu de vivre avec une personne de nationalité différente. Que dire de plus, le fait de photographier lui-même est un acte qui refuse une vie simple et tranquille.
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Il me semble que vos dernières images, r��������������������������������������alis����es à la chambre 4X5 sont plus calmes. Je crois aussi que vous vous rapprochez du Japon. Comment envisagez-vous l'évolution de votre travail ? C’est plutôt une question difficile. Comme me demander ce que je vais manger au déjeuner demain ? Demander à un photographe comment vont évoluer ses images est complètement différent que de demander au boulanger comment son pain va lever. Ceci pourrait sembler impertinent mais la photographie est déjà quelque chose de trop difficile pour moi. Mes paroles me définissent, mon regard aussi, je suis d’accord pour dire que mes images parlent pour moi. Mais comme je n’ai pas encore vécu l’avenir je ne peux pas dire comment évoluera mon travail. Néanmoins, ces derniers temps j’ai effectué un retour sur moi – j’ai l’habitude d’être mauvais vis-à-vis de la société – et je suis prêt à repartir à la charge. Le travail que je suis en train de faire maintenant est une réorientation de ce regard jeté vers mon passé. En cette ère de renouvellement et de développement de la technologie numérique, je tiens à revenir à la base de l’élément le plus fondamental de la photographie - la lumière. Je suis impatient de montrer mon nouveau travail à la biennale de Gwangju en 2008, cet automne, et à la Triennale de Fukuoka l'année prochaine.
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dernière modification de cet article : 2008
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