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l'auteur
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Anuhi LOU
G.-P. : Anuhi c'est votre prénom ?A. L. : Oui, c'est d'origine Tahitienne. Je suis né à Papeete, j'y ai passé toute mon enfance. Toute ma famille, toutes mes racines sont la-bas. C'est une autre planète. Des couleurs qui s'accordent d'une manière invraisemblable, une vie luxuriante et grouillante. C'est une île qui émerge de nulle part : toutes les formes de vie terrestres s'y expriment et s'y accrochent. La moindre parcelle de terre est recouverte d'une couleur végétale. Qui sont les personnages sur ces photographies ?C'est ce que j'appelle mon deuxième cercle. Mes relations intimes. Mes deux enfants. Ces photos font partie d'un projet, d'un héritage qui leur est destiné. Vous vous souvenez certainement de moments de votre enfance. La moindre photo vous évoque mille parfums, mille souvenirs. Je constitue pour eux une mémoire visuelle de leur enfance. Sans réellement de rigueur, ni de plan fixe... Ce n'est pas une étude scientifique ! mais suffisamment de clichés, comme autant de pierres lancées dans une mare d'eau. Je construis une maison mnémotechnique : chaque
photo est une brique qui porte des plans et des constructions
possibles.
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Quel matériel et quelles pellicules utilisez-vous ?Pour les photos exposées, rien que du très
classique. Pour la prise de vue : du bois, du métal, des cailloux ! Qu'est-ce que c'est qu'une bonne photographie pour vous ?C'est une photo à la croisée des chemins. La photographie est par essence paradoxale. Elle prétend retranscrire le réel, mais l'image est figée, sans odeurs, sans bruits, sans couleurs parfois ! C'est l'iceberg émergé de nos mémoires. Je ne peux pas dire qu'une photo est bonne. En mathématique, il nous faut deux points pour tracer une direction ; une touche de peinture ne suffit pas révéler le tableau. Je crois qu'une bonne photo est multiple et n'existe que dans une série, avec une intention explicite dans le temps. Une photo et une seule contient trop de possibles. En ce sens, la photo est musique, elle suit un rythme, une partition. Mais bon, si on devait se contenter d'une photo et d'une seule... C'est être en équilibre entre représentation du réel et visualisation d'un réel voulu et photographié. Sans savoir réellement qui l'emporte. Une photo lard et cochon.
Pourquoi travaillez-vous à la chambre photographique ?J'aime bien l'idée d'une chambre photographique comme l'œil vigilant et géant d'un cyclope. Vous l'installez sur son piédestal... Vous décentrez, basculez pour orienter sa pupille et il témoigne pour vous. C'est une boule de cristal qui ne sait conjuguer qu'au présent. Reparlons de notre boite à chaussure. J'adore la conception rustique des chambres. Généralement, vous êtes content quand vous achetez quelque chose de plein. Une chambre, c'est absolument vide. C'est de la vaisselle, vous achetez du contenant ! dernière modification de cet article : 2004
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