Comment bien utiliser la photographie dans une
affiche ?
notes de lecture d'après
la Publicité selon Ogilvy
Les photographes sont parfois amenés à réaliser
des affiches pour eux-mêmes ou pour des tiers. Ce n'est pas
anormal puisque la photographie représente la principale accroche
d'une affiche. Mais le photographe n'est évidemment pas formé à
cette sorte de demande, qui a ses règles. La principale d'entre-elles est de faire simple et de favoriser par tous les moyens la
lecture du message à faire passer.
On trouvera ci-dessous quelques
éléments tirés d'un livre déjà ancien - mais toujours très actuel -
de David OGILVY, créateur de l'agence Ogilvy et Mather :
La publicité selon Ogilvy
Ces considérations ont été réunies au sujet
d'affiches concernant la vente d'un produit. Mais on peut dire que
toute affiche vend un produit, même si ce produit est une
manifestation et non un objet. Les informations données sont donc
transposables à toute communication sous forme d'affiche, voire
d'annonce. Au lecteur de faire la transposition.
La forme canonique des affiches
selon Ogilvy (5)
Pour le publicitaire Ogilvy, fervent partisan de
la lisibilité et de la simplicité dans la communication écrite, on
peut établir une forme d'affiche canonique, qui assure une
lisibilité maximale.
Plusieurs parties composent
une affiche. Ces
parties (numérotées ci-dessous par des pastilles jaunes) doivent
être présentées
par ordre de lisibilité maximale. Les lecteurs regardent
naturellement d'abord
l'illustration, puis le titre, puis le texte.
On trouve dans une affiche
présentée ainsi :
1. Une photo ou une illustration
2. Un titre
3. Un sous-titre
4. Du texte
5. Un ou plusieurs chapeaux de paragraphes
6. L'information concernant le produit (où le trouver, combien il
coûte, le logo de l'organisme qui donne l'information et son contact...)
Voici une autre déclinaison de l'affiche canonique
d'Ogilvy, où l'on retrouve les mêmes parties à l'exception de
chapeaux de paragraphes. La photographie se taille la part du lion. Le texte étant plus court, il n'y a pas
besoin de relancer l'attention du lecteur par des chapeaux.
Bien choisir la Photo
Principes généraux concernant
la photo, selon Ogilvy :
Sur l'illustration, une personne attire plus le
regard qu'une foule.
Ne montrez pas de visages plus grands que
nature, cela repousse les gens.
Le rédacteur en chef Cockney du Daily Mirror (de
Londres) donnait ainsi le genre d'images qui intéressait le plus ses
lecteurs : "Les bébés qu'ont bien du malheur, les animaux qu'ont
bien du malheur, et ce que vous pourriez appeler le sexe"(4)
En règle générale, les gens sont plus intéressés par les images
représentant des personnes de leur propre sexe.
Ils préfèrent des illustrations en couleurs à des
illustrations monochromes.
Le sujet de l'illustration est fondamental :
les photographies qui marchent le mieux sont "celles qui
éveillent la curiosité du lecteur. Il jette un coup d'œil à la
photographie et se dit : "Qu'est-ce qui se passe ?". Puis il
lit le texte pour comprendre".(3)
Quelques conseils d'Ogilvy :
Racontez une histoire, et montrez le résultat
final après l'utilisation du produit. Si vous n'avez pas d'histoire
à raconter, montrez l'emballage de votre produit.
Environ 4 fois plus de personnes lisent les
légendes sous les illustrations que le texte lui-même. N'utilisez
donc jamais une illustration sans mettre une légende en-dessous.
Votre légende doit comprendre la marque du produit et ce que vous
promettez.
Essayez que l'image représente aussi ce que vous
promettez d'apporter.
Utilisez pour l'illustration des couleurs simples et fortes.
Titres
Les titres sous les illustrations sont lus par 10%
de gens de plus que les titres au-dessus des illustrations.
Les titres sont lus par 5 fois plus de personnes que les textes
qui suivent. Les titres qui marchent le mieux promettent au lecteur
un avantage. Les titres contenant une information sont mieux retenus
par le lecteur que les titres n'en contenant pas.(1)
Quand vous mettez votre titre entre guillemets, vous augmentez le
taux de mémorisation de 28% en moyenne.(2)
Ne mettez pas les titres en capitales : les
minuscules sont plus lisibles.
Ne les superposez pas à l'illustration, on ne les
verrait plus.
Ne mettez pas de point après un titre, cela arrête
la lecture.
N'utilisez pas de typographies rares ou peu
lisibles dans les
titres.
Sous-titre
Un sous-titre de 2 lignes, entre le titre et le
texte, "augmente l'appétit du lecteur pour le festin à venir".(6)
Texte
5% seulement des gens lisent le texte. Cela reste
considérable.
Commencez le texte par une lettrine, le taux de
lecture en est augmenté de 13% en moyenne.
Limitez votre premier paragraphe à un maximum de
11 mots.
Le texte doit être écrit pour le lecteur comme si
c'était une lettre à lui seul destinée, pas comme s'il fallait qu'il
soit lu sur un stade.
Le texte doit intéresser les gens, pas les
ennuyer.
Il faut écrire des phrases courtes avec des mots
simples.
Dites au lecteur ce que le produit fera pour
lui, et dites-le avec précision.
Si possible, racontez une histoire.
Si possible, convoquez un témoignage.
Indiquez toujours le prix du produit,
surtout s'il est susceptible d'être cher. Il faut que les
gens se rassurent : oui, le produit est bien pour moi.
Un texte long est souvent plus accrocheur qu'un
texte court. Il donne l'impression que vous avez quelque chose
d'important à dire. Attention à ce qu'il soit passionnant...
Pour des raisons de lisibilité, écrivez le texte
en noir sur fond blanc.
Utilisez plutôt des caractères à serif que
sans serif. mettez le texte en colonne.
Commencez le texte par une
lettrine pour attirer l'attention.
Mettez les paragraphes clefs en gras ou en
italique.
Vous n'êtes pas obligé de justifier les
paragraphes : les indentations à droite aident le lecteur à lire le
texte.
Si vous laissez un intervalle entre les
paragraphes, vous augmentez le taux de lecture de 12%.
Chapeau
Après 6 ou 7cm de texte, intercalez un chapeau.
Les sous-titres aident le lecteur à avancer. On peut aussi utiliser
des sphères, des astérisques ou tout autre signe en marge.
Brève conclusion sur cette lecture
Ogilvy donne
de nombreux
conseils, tous simples, efficaces et pertinents. Ne vous étonnez-pas
toutefois de ne pas arriver à les appliquer tous, simultanément, dans
votre prochaine affiche. En employer quelques-uns demande de
l'intérêt et de la vigilance, les employer presque tous est un
métier tant il est nécessaire d'être créatif pour les mettre en
place : raconter une histoire avec une photographie est par
un exemple un excellent conseil de communication... mais l'appliquer
lors de la création de la photographie exige un talent fou.
La méthode Ogilvy oblige en
tous cas à réfléchir aux buts qu'on poursuit et au meilleurs moyens
de les atteindre ; même en pure photographie c'est la seule bonne
approche !
Notes
(1) La publicité selon Ogilvy, page 71
(2) ibid p 74
(3) ibid p 77
(4) ibid p 79
(5) ibid p 87
(6) ibid p 97
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