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les auteurs

Yves MARCHAND et Romain MEFFRE
Nés en 1981 et 1987
 


photographie : Frederic Champion

Expositions
2008 : "Movie Theaters,
les palais oubliés du cinéma"
Naço Gallery, Paris 12ème

2007 : "Industria, ruines industrielles"
Galerie Kennory Kim, Paris 3ème

2006 : "Les fabuleuses ruines de Detroit"
Galerie Kennory Kim, Paris 3ème

www.marchandmeffre.com

 

 

 

 

Yves Marchand et Romain MEFFRE

 

 


Diamant Brauerei, Magdeburg © Yves Marchand et Romain MEFFRE

 

 

Vous travaillez à deux, pourquoi ?

A partir du moment où nous nous sommes mis à bosser au grand format, travailler ensemble nous est rapidement apparu comme une évidence. C'était il y près de 2 ans maintenant. Notre vision étant devenue au fil du temps très proche et nos sujets étant de toute manière les mêmes, il nous est paru plutôt logique de mettre en commun notre approche. D’un point de vue strictement technique, cela permet plus d'efficacité et beaucoup moins de stress. Pendant que l'un prépare la chambre, l'autre repère déjà le point de vue suivant.

Beaucoup de photographes qui bossent à la chambre on besoin d'un assistant ; nous on s'assiste l'un l'autre, c'est certainement la manière la plus équitable et motivante qui soit de fabriquer une image. Bien sûr il y a des vues qui tiennent particulièrement à l'un ou à l'autre mais il suffit de les réaliser et en général on ne regrette pas de l'avoir fait.

De la même manière, bosser à 2 permet un constant regain de motivation, quand l'un est un peu manque d'inspiration l'autre prend la suite.

Sur certaines photos d'ailleurs, comme celles que l'on prend dans l’obscurité, ce qui nous oblige à faire du light painting, il serait extrêmement difficile de faire ça seul.

 


Malzfabrik, Halle © Yves Marchand et Romain MEFFRE

 

 

Avec quel matériel travaillez-vous ?

On utilise une chambre 4x5 Shen Hao avec des focales allant du 47mm au 150mm.
Question film on utilise volontairement la Fuji 160S, un négatif très peu contrasté qui permet d’obtenir un maximum d’informations lors de la numérisation avec un Epson V750.

 


Kraftwerk, Muldenstein © Yves Marchand et Romain MEFFRE

 

 

Avez-vous des attaches familiales ou autres en Allemagne de l'Est ? pourquoi les photographies là-bas ?

Ni l'un ni l'autre n'avons d'attache particulière avec l'Allemagne de l'Est. On s'est intéressé à cette région car il s'agit tout simplement d'un des bassins industriels les plus importants d'Europe, la densité "d'usine à architecture" est incomparable. Les Allemands ont en effet toujours apportés un grand soin à l'architecture de leurs constructions industrielles, que ce soit les gares, les usines ou encore les châteaux d'eau. Le gel de la société par l'occupation soviétique a permis plus qu’ailleurs le maintient du paysage de la révolution industrielle. Les Becher ont bien sûr déjà travaillé sur le sujet, cependant il se sont plutôt intéressés aux mines et à l'industrie sidérurgique à l’ouest, des formes somme toute assez éloignées du type de structure usinière et d'industrie que l'on peut trouver dans cette région. Un passage en ex-RDA était donc logique.

 


Bleichert Transportanlagen, Leipzig © Yves Marchand et Romain MEFFRE

 

 

Pourquoi cet intérêt pour les ruines ?

Les ruines sont toujours fascinantes, elles génèrent un mélange de curiosité, d'admiration. Les visiter en tout cas au début est une forme de transgression, l'idée d'aller explorer des ruines est simplement excitante, c'est la découverte qui prime, l'idée d'aller mettre le pied là où personne ne va, ou en tout cas là ou personne n'est censé allé, ça tient de la simple curiosité que n'importe qui possède depuis qu'il est un gamin. On y replace peu à peu notre goût pour l'architecture et l'histoire. C'est ludique, exotique et intéressant.

A force de prendre des photos de ce qu'on découvre, on se fait progressivement un œil sur ce qu'on visite, on distingue l'exceptionnel, ou en tout cas l'intéressant, de ce qui peut nous paraître plus ordinaire. On s'aperçoit que ces ruines ont une histoire à raconter, qu'elles sont le symbole d'un contexte bien particulier et que tout ce vers quoi nous emmène le sujet est passionnant. La ruine finit par nous apparaître comme une véritable sublimation de l'architecture, l'état ultime d'un édifice précédent, son retour à la terre. A ce titre, les photos qu’on peut en faire prennent d’autant plus de valeur.

 


Werkzeugmaschinenfabrik Union, Chemnitz © Yves Marchand et Romain MEFFRE

 

 

En peinture, des gens comme Gaspar David Friedrich croisait un intérêt pour le détail foisonnant, la ruine et le vertige. On retrouve ce goût presque théâtral du vertige chez des photographes comme Gursky, et vous semblez loin de la neutralité documentaire symbolique des Becher, alors que vous vous penchez sur les mêmes sujets. Par ailleurs votre blog insiste beaucoup sur l'aspect "archéologie industrielle" de votre travail. Quelles sont vos racines, quels sont vos maîtres ? Vous vous voyez dans l'objectivité ou dans le goût théâtral ?

On se situerait, en tout cas on voudrait situer à la croisée entre les Becher, l'école allemande et le boulot d'un Henk Van Rensbergen par exemple, l'un des précurseurs, en tout cas sur internet, en matière de photo de lieux à l'abandon (voir son site http://www.abandoned-places.com/ où chaque reportage est construit comme une petite histoire).

Pour ce qui est du blog certains articles moins axés archéologie industrielle devrait suivre, ce n'est en effet pas la seule forme d'édifice qui nous intéresse ; cependant les usines restent malheureusement considérées comme les parents pauvres du patrimoine et le paysage des villes de l'ère industrielle a beaucoup pâti des démolitions.

On se voit dans une certaine objectivité même si bien sûr on est loin du style neutre des Becher... le choix de la couleur y est déjà pour quelque chose, ensuite cet effet "théâtral" vient vraiment des lieux qu'on visite qui sont de véritables décors : il est très difficile parfois de sentir une attache au présent, au réel, tant les lieux semblent surgir d'un film, d'une peinture.

Le but premier est de conserver dans la mesure du possible une lecture claire du lieu et de son volume, tout en respectant l'ambiance de l'endroit et le lieu lui même en ne cherchant pas un parti pris photographique qui privilégierait une composition trop personnelle : elle nuirait à ce que nous apporte le sujet en tant que tel. Il est d'ailleurs amusant que vous employiez le qualificatif théâtral car notre dernière série exposée est un travail sur les anciens théâtres/cinémas américains qui résume assez bien ce jeu entre le parti pris assez objectif sur notre mise en scène et le décor au sens propre comme au figuré. La photo ne crée pas la dimension théâtral, c'est le sujet.

 


Pankow Mälzerei, Berlin © Yves Marchand et Romain MEFFRE

 

 

On ne voit pas de personnages dans vos photographies, pourquoi ?

Pour l'instant on ne voit effectivement pas de personnages dans nos images. La raison en est simple : les ruines que l'on visite sont vides, et même si très rarement on tombe sur des squatteurs, ce sont des lieux qui demeurent inhabités ; il pourrait être intéressant de montrer la manière dont les gens vivent autour de certains de ces édifices, la façon dont ces lieux s'intègrent dans une ville, mais dans la plupart des situations, il n'y a simplement pas grand monde ni dedans ni autour, que ce soit à Detroit ou en ex RDA.

A Detroit le sujet est plus large, les ruines font partie intégrante de l'âme de la ville et l'idée sera peut être à travailler selon les situations que l'on rencontrera ; pour l'ex-RDA l'idée n'est pas forcément de jouer sur le contraste, de faire une mise en contexte, ou de faire un traité d'urbanisme mais simplement d'illustrer la profusion architecturale à travers les ruines. On se situe plus du côté d'une collection de "type Becher" sur ce sujet... cependant là encore cela dépendra des situations rencontrées au cours de nos futures visites. Par contre, sur notre dernier projet, sur les salles de spectacle oubliées des Etats-Unis, ce n'est plus le cas. Il s'agit de montrer ces vieilles salles aujourd'hui qui ont été réaffectées à des usages divers et variés (magasins, églises, entrepôts, bingo halls, etc.) Il devient donc intéressant de mettre ces situations en perspective, de jouer sur le contraste entre le faste de l'architecture et la situation présente, le rêve et le retour à la réalité ; des personnes apparaissent plus logiquement dans nos images.

 


Wasserturm, Magdeburg © Yves Marchand et Romain MEFFRE

 

 

C'est quoi, pour vous, une photographie réussie ?

Une photographie réussie est une photo qui génère un intérêt, une émotion de part son sujet seul. Il est finalement si facile de prendre une photo que la réalisation technique se doit d’être absolument irréprochable et doit mettre en exergue le sujet choisi. Comme tout le monde certainement, on cherche encore à savoir réellement ce qu’est une photo réussie.

 


Zementwerke, Rüdersdorf © Yves Marchand et Romain MEFFRE

 

 



dernière modification de cet article : 2008

 

 

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