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Michel CLEEREN
Patience

 

Michel, de quand date ce travail et pourquoi l'avez-vous lancé ?

C'est un travail commencé il y a 2 ans. L'idée que des éléments organiques se fondent avec mes images et que le temps manifeste visuellement sa présence, m'a interpellé.

 

Pourquoi le nom de Patience ?

La nature prend son temps pour transformer les choses. Être patient, c'est observer les changements qu'elle opère à son rythme, respecter sa lenteur. L'observateur agité ne peut rien déceler. Il faut de la contemplation, du retrait, du respect et surtout, de la solitude.
Jean-Claude Lemagny disait: "Toute solitude nous fait séjourner auprès de quelque chose d'essentiel, qui se dissimule, mais qui est là. Le photographe, dans sa solitude, s'approche de ce que les autres n'ont pas su voir, parce qu'ils sont ensemble et divertis".

 

 

 

l'auteur

Michel Cleeren
Pousserou 2
4520 Wanze
Belgique
 michel.cleeren@teledisnet.be
www.michelcleeren.com

Michel Cleeren est photographe depuis 1980.
Il mène en parallèle sa recherche personnelle et une activité de photographe de
plateau pour le cinéma.
Il enseigne actuellement la photographie et la vidéo
à l'I.A.T.A. à Namur en Belgique.


 

 
 

 

La précision de latitude et de longitude pour le lieu est une localisation faussement précise et bien muette pour le spectateur de la photographie. C'est par ailleurs un procédé très employé dans la photographie documentaire contemporaine. Pourquoi cette citation alors que vous pratiquez une photographie de grande sensibilité ? Vous êtes en guerre contre la photographie documentaire ?

Ces notations sont pour moi en rapport avec le lieu de prise de vue, mais aussi, l'endroit précis où la nature modifie mes images. Lorsque j'installe les tirages à l'emplacement choisi, je laisse la main aux éléments, la pluie, le vent, la faune… Le temps qui passe fait son travail, transforme les images. Après, je récolte. Ces coordonnées sont aussi les seules choses qui ne se modifient pas pendant le processus.

 

Pensez-vous que les notions de chemin et de centralité aient une importance particulière dans votre photographie ?

Si je regarde mes images depuis que je suis "tombé" en photographie, je dois bien constater que se sont des éléments récurrents dans mon
travail. Le désordre organisé en quelque sorte!

 

Le temps vous obsède ? L'oubli vous obsède ?

Le temps est une notion toute relative. L'éphémère vit un jour, le chêne trois cents ans et une étoile… Je photographie à mon échelle et j'essaye avec ce projet, de visualiser et de matérialiser cette durée. Quant à votre question à propos de l'oubli, je trouve cela très intéressant. Est ce que le temps efface la mémoire, l'altère-t-il, ou au contraire, y fixe-t-il seulement les choses essentielles ?

 

Par rapport à d'autres travaux plus anciens, on a l'impression que vous vous retirez du Monde, que les traces du temps tissent une peau qui s'épaissit inexorablement entre vous et le Monde. Vous le ressentez comme cela ?

Je ne pense pas me retirer du monde, au contraire, avec ce travail, je rentre dans la matière qui fait ce monde. L'image et les sédiments ne font plus qu'un. C'est vrai que cette peau organique qui se forme avec le temps, se modifie, se ride, se pigmente. Lors de mes premiers essais, le résultat n'était pas très concluant. Je ne laissais pas le temps au temps. Je n'étais pas assez patient. Puis la nature a fait son œuvre et de manière surprenante ! Moi, qui travaille exclusivement en noir et blanc pour ce projet, j'ai vu des colorations arriver. Des pigments naturels se sont mélangés à mes images. La couleur s'invitant malgré moi, discrète mais présente. Un cadeau.

 

Le recours à des moyens plastiques extérieurs, l'altération de la photographie, signifie-t-il que vous pensez désormais que la simple figuration photographique ne peut plus suffire à exprimer ce que vous désirez dire ?

Le côté lisse, sans aspérité, d'une certaine photographie actuelle ne m'a jamais trop intéressé. La chasse aux pixels, je la laisse aux chasseurs. Dans mes travaux précédents, j'ai beaucoup utilisé le sténopé déjà pour les mêmes raisons. Je pense que dans ce travail, l'altération de la photographie par la nature ne détériore pas l'image, elle l'enrichit. Toutes les prises de vues sont réalisées en argentique, au format 6x7. J'utilise la numérisation uniquement pour le tirage final. Je fais des essais actuellement sur des photographies sans prise de vue, sans photographe. Le papier, la nature, et le temps seulement. Je verrai peut-être... avec un peu de patience…

 

 

  

   

 

dernière modification de cet article : 2016

 

 

     

 

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