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l'Auteur

Jimmy Peguet 
Né en 1954, responsable d'un atelier de fabrication de cadres dans l'Indre. Photographe spécialisé en chambre grand format. Passionné de tirage platine par contact.
4 rue des Minimes, 36100 Issoudun. Tél 02.54.21.30.88
mail : peguet.jimmy(antispam)orange.fr

 

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Rapide essai d'un Mamiya 6 d'occasion

 

 

J'ai acheté il y a quelque temps un Mamiya 6 d'occasion, un des premiers modèles fabriqués avant l'apparition du 6MF. Cet appareil 6x6 donne une bonne impression de construction et de solidité. Il est relativement peu encombrant pour un moyen format (sensiblement équivalent à un gros 24x36 avec son alimentation), ce qui en fait un compagnon de voyage parfait, la monture rentrante, très bien fabriquée, étant pour beaucoup dans l'agrément de transport en rendant l'appareil compact. La prise en mains est absolument idéale, une des
meilleures que j'ai vu (j'ai pourtant de petites mains !). Le grand viseur (auquel on peut ajouter des correcteurs dioptriques) est très clair et confortable, les cadres pour les trois optiques y apparaissent un à la fois, avec l'objectif correspondant (habitué au télémétrique, j'ai cherché instinctivement les premiers jours le levier de sélection manuelle des cadres du Leica, qui n'existe pas sur le Mamiya !). C'est un viseur classique de la fin des années 80, avec indication lumineuse de la vitesse sur le côté gauche, un peu rudimentaire par rapport aux afficheurs modernes). La mise au point ne pose aucun problème particulier avec sa fenêtre très lumineuse (elle doit cependant être un peu plus ardue avec le 150).

 


L'appareil avec monture rentrée. La différence d'épaisseur est de 3 cm.

 

La fiche technique est également celle d'un appareil des années 80. L'obturateur électro-mécanique (très régulier sur mon 75mm) va de 4 secondes au 500ème (un peu optimiste, comme c'est souvent le cas avec les obturateurs centraux), plus pose B, les vitesses étant utilisables par valeurs entières en manuel. Le Mamiya fonctionne également en
automatique priorité diaphragme, l'appareil choisissant alors les vitesses en continu. Il dispose d'un mode de mémorisation d'exposition (AEL, où la mesure est mémorisée tant qu'on garde le doigt sur le déclencheur, lequel déclencheur a une course parfaite). Cette mesure n'est pas TTL, obturateur central oblige, elle se fait à travers le viseur. Elle est à champ fixe, couvre en gros le champ du 150 mm, et ne représente plus qu'une petite portion du champ du 50 mm. On peut apporter une correction d'exposition de +2 à -2 diaphragmes. L'appareil dispose également d'un retardateur, d'un sabot standard de flash, et d'une prise pour déclencheur souple vissant, également standard. Il accepte les films 120 et 220 par pivotement du presseur de film, le format 120 ou 220 étant rappelé au dos). Ce dos n'est pas
interchangeable. Trois objectifs sont disponibles, un 50 f/4, un 75 f/3.5 et un 150 f/4,5.  Par sécurité, le changement d'objectif est impossible sans mettre en place un rideau opaque devant le film (l'appareil dispose d'autres sécurités au déclenchement). L'alimentation se fait par 2 piles SR44 ou équivalent en piles alcalines (l'appareil n'est pas mécanique, les piles alimentent la cellule et l'obturateur).

 

L' appareil avec monture rentrée et sortie, vu de dessus

 

 

Le Mamiya 6 est un appareil très proche de l'idée que je me fais de l'appareil de voyage idéal, et un petit bonheur à utiliser : compact (relativement) mais suffisamment lourd pour assurer une excellente stabilité, prise en mains parfaite et sensations agréables , visée télémétrique très précise qui permet de descendre très bas à main levée en conjonction avec l'obturateur central, très discret et vibrant peu : j'ai des images exploitables (sans plus, il ne faut pas exagérer) réalisées à la demi-seconde, le ¼ de seconde étant quasiment toujours bon. En paysage, c'est un rêve à utiliser. Le 75 monté sur mon appareil est excellent et très piqué (certains font la moue à son sujet à cause d'un bokeh qui serait assez moyen), les deux autres objectifs sont paraît-il encore meilleurs, et classés parmi les tout bons (sur le site Photodo, notes 3,5 pour le 75, 3,8 pour le 50 et 4,1 pour le 150, résultats brillants). C'est une première impression après une quinzaine de rouleaux, je n'ai pas photographié de mires. Les images obtenues m'ont paru un peu plus dures et contrastées que les photos issues d 'autres moyens formats, et m'ont semblé plus  froides et bleutées (à vérifier, j'ai utilisé des pellicules en limite de péremption pour mes premiers essais, et ces remarques sont subjectives en l'absence de comparaisons raisonnées. De plus, ces photos ont été faites en hiver avec des lumières dures).

 

vue de face

 

vue arrière

 

Au chapitre points noirs : la mesure n'est pas fiable, l'appareil a une forte tendance à la sous-exposition dans certains cas. Principalement dans deux cas de figure sur mon exemplaire : dès qu'il y a un minuscule petit bout de ciel dans le viseur, et que le contraste est important, l'appareil expose systématiquement pour le ciel. En auto, l'utilisation de l'AE Lock ne résout pas grand chose la plupart du temps, il faut carrément sortir le ciel du viseur. En conditions standard, lumière abondante sans gros écarts de contraste, la mesure est en général assez juste, mais il faut se méfier dès qu'on passe en-dessous de l'IL 10, j'ai aussi rencontré quelques soucis de sous-exposition à ces moments-là. Vers les basses lumières, la cellule redevient plus fiable. Ces défauts ont paraît-il été corrigés sur le 6MF et les derniers 6 (reconnaissables aux mentions « AE » et « AEL » sur le barillet de vitesses à la place des point et carré rouges), le bafflage du viseur étant paraît-il principalement en cause. Il me semble avoir lu quelque part que Mamiya USA pouvait modifier le système. Je l'utilise donc toujours avec mon spotmètre à main, ce qui me semble de toute façon bien préférable, mais va faire couiner ceux qui pensent qu'un tel appareil est plutôt destiné à la photographie rapide et instinctive, ce qui ne me paraît pas forcément le cas. D'autre part, la limite basse de mesure est l'IL3,5 pour 100 ISO, ce qui est un peu juste en basse lumière. La cellule descend visiblement plus bas, mais on est limité en manuel par l'imprécision des indications du viseur (qui indique les temps supérieurs à la seconde par « LT », Long Time ), et en auto, passé une seconde de temps de pose, la rencontre au coin des rues sombres de l'énigmatique M. Schwarzchild empêcherait de toute manière d'utiliser ce mode. Comme sur la plupart des télémétriques, la distance minimale de mise au point est assez lointaine (1m pour le 50 et le 75, 1,80m avec le 150). Un accessoire pour diminuer cette distance était disponible pour le 75mm. Les ouvertures maxi ne sont pas non plus très lumineuses, mais comparables à la concurrence (un 75 ouvrant à 2,8 aurait été agréable, mais certainement plus gros), rien de grave à mon sens de ce côté. Pour quelqu'un qui n'a pas l'habitude des télémétriques, il faut aussi s'habituer à la modification de l'angle de champ à l'infini, le cadre montrant le champ aux distances les plus courtes, se déplaçant pour corriger la parallaxe, mais ne s'agrandissant pas pour couvrir le champ réel aux distances lointaines. 

Détails mineurs, le levier d'avancement (doux au demeurant à utiliser) aurait gagné à pouvoir être actionné en plusieurs fois, et la bague des distances aurait pu être mieux séparée de celle des diaphs sur l'objectif.

 

vue de dessous, avec le système de mise en place et de retrait du volet. Sur pied, vu la position de l'écrou de pied, pour changer de film, il faut impérativement démonter l'appareil, sinon on ne peut pas sortir l'axe de la bobine débitrice pour ôter le film. A ajouter donc au chapitre "petits défauts"...

 

Le Mamiya 6 a été fabriqué de 1989 à 1996, le 6 MF (pour Multi-Format, ce qui prête à rire, puisque l'autre format est un 4,5x6... horizontal, on ricane, l'appareil disposant aussi d'une option  «panoramique») de 1993 à 1998, date à laquelle la fabrication a été arrêtée, et où il a été remplacé par le Mamiya 7, puis par le 7 II, lesquels sont également dotés d'optiques de course, mais ne disposent malheureusement pas de la monture rentrante (pour cause de 43 mm dont la partie arrière est très proche du film, et vraisemblablement également pour des raisons de réduction des coûts de fabrication).  On trouve assez peu de M6 d'occasion en France, et ceux qu'on trouve sont souvent proposés à des tarifs trop élevés. A mon sens, on ne devrait pas payer plus de 1100-1200 euros pour un appareil avec son 75 en parfait état. L'objectif de 150 mm est, pour des raisons faciles à deviner (relative difficulté d'utilisation de la focale avec un appareil  télémétrique, cadre étriqué et MAP plus difficile), abondamment disponible en occasion, au contraire de son frère le 50, difficile à dénicher. Il y a quelque temps, l'Atelier 102 m'avait dit pouvoir réparer sans problème cet appareil qui jouit d'une bonne réputation de fiabilité. A vérifier aujourd'hui.

 

objectif retiré, on devine le soufflet de la monture rentrante dans la chambre de l'appareil.

 

comparaison de taille avec un 24x36 Nikon FM 2

 

comparaison de taille entre le 75 mm du Mamiya et le 50 AF Nikkor. Le Mamiya n'est guère plus imposant. 

 

Quelques liens utiles vite fait (liste non limitative) :

http://www.mamiya.com (site de Mamiya USA, où on peut télécharger les manuels des 6 et 6MF en version PDF anglaise)
http://www.dnai.com/~hamish/pandemonia/reviews/mamiya-6.html (un bon essai, et l'occasion de découvrir le site d'Hamish)
http://kenrockwell.com/mamiya/6.htm (un autre essai)
http://www.photo.net (pour le forum moyen format et sa rubriqueMamiya)
http://www.camerareview.com/ (avis succincts d'utilisateurs)
http://www.photodo.com (pour les tests des optiques, dont, n'étant pas spécialiste, je ne sais pas ce qu'ils valent)
http://www.photo.net/photo/mamiya-6 : une série de commentaires intéressants et pointus d'utilisateurs du M6

 

 

dernière modification de cet article : 2001

 

 

 

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