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l'auteur

Pierre Movila

Né à Amiens en 1958
Vit et travaille à Toulouse depuis 1996
 Médecin spécialisé en imagerie biomédicale
 et traitement d'images (CEA)
 puis fondateur de l'agence de communication ELIXIR à Toulouse
qu'il co-dirige en tant que directeur artistique
 Photographe depuis les années 70
passionné d'art contemporain
il pratique depuis une vingtaine d'années
la photographie plasticienne
 et plus récemment le video-art
Expose en France et à l'étranger depuis 1993
Pour en savoir plus : www.movila.org
 pierre@movila.org

 

 

voir également, du même auteur :
Profil ICM pour scanner Epson 4990 

 

 

 

Le scanner Epson 4990 : 
premières impressions et utilisation pour la numérisation de films moyen et grand format. 

Par Pierre Movila

 

Rappel des épisodes précédents…

 

Epson est un nom bien connu dans le domaine de la numérisation et de l’impression photo. Depuis plusieurs années cette compagnie japonaise nous propose dans le domaine des scanners avec dos pour transparents de nouveaux produits au moins chaque année. Ainsi, après le célèbre Epson Perfection 2450, on a pu voir apparaître rapidement le Perfection 3200, puis le Perfection 4870, et enfin ce nouveau modèle 4990, disponible en petite quantité depuis fin décembre 2004. Si ces quatre modèles ont comme caractéristique commune de permettre la numérisation de documents opaques et de films dans un design extérieur très proche, ce sont les performances qui les différencient. D’abord la résolution optique annoncée (qui va de 2400 dpi à 4800dpi), ensuite la présence d’un système antipoussière ICE depuis le 4870, une Dmax toujours plus importante atteignant maintenant  théoriquement la valeur 4.0, et une surface de numérisation pour films de plus en plus large ainsi que la présence d’une rampe mobile d’illumination dans le capot depuis le modèle 4870.

Les progrès de la gamme ont été indéniables et simples à constater depuis le 2450, mais pour la première fois le nouveau modèle 4990 apparaît sans augmentation de résolution par rapport à son prédécesseur (4800 dpi maxi pour les modèles 4870 et 4990). Disposant pour quelques semaines des trois appareils 3200, 4870 et 4990, il m'a semblé intéressant d’effectuer un test comparatif rapide, d’autant que ces deux appareils sont utilisables pour la numérisation de films de moyen et grand format. Car la vraie question pour beaucoup d’utilisateur est : faut-il abandonner le 4870 (ou le 3200) pour passer au 4990 ?

Déballage

A l’ouverture du carton, on découvre le scanner disposé dans ses cales en polystyrène en deux parties séparées (boîtier principal et dos), accompagné d’une pochette avec le CD du pilote Epson pour Windows et MacOS, un CD Photoshop Elements version 2.0, un câble d’alimentation et un câble USB. Egalement, un paquet abondamment emballé et « scotché » contenant 4 supports plastique (gabarits) pour films : 1 pour film 35mm en bandes, 1 pour deux plans-films 4x5, 1 pour 3 bandes 120, et 1 pour 8 diapositives montées sous caches standards 5x5cm. De plus, le paquet contient une plaque d’occultation couverte d’un cache blanc monté sur mousse pour utilisation en numérisation de documents opaques (cette plaque se monte sur le capot, pour occulter la vitre et pour presser le document sur la vitre du capteur) et un étrange cadre en matière plastique souple et très fine qui n’existait pas avec les précédentes versions des scanners Perfection. Au fond de la boîte on trouve aussi une documentation multilingue au format poster pour la mise en route rapide de l’appareil et une petite pochette contenant le logiciel Silverfast 6.2 SE et son manuel d’utilisation. Pas de mode d’emploi papier : on le retrouvera en format numérique sur le CD des pilotes (il s’installe par défaut sur le bureau).

Comme toujours, le scanner arrive en mode de blocage mécanique, le chariot mobile support de la lampe principale et du capteur étant immobilisé pour ne pas risquer des déplacements intempestifs pendant le transport. Même chose pour le dos qui contient également une rampe éclairante mobile bloquée par une clenche. 

Le montage est simple, il suffit d’insérer les ergots de la charnière du capot dans les trous correspondants disposés à l’arrière de l’appareil et de raccorder le tout au secteur et à l’ordinateur (par câble USB ou Firewire IEEE1394, ce dernier n’étant pas fourni). Nouveauté avec ce modèle, la charnière entre le scanner et le capot n’est plus en plastique mais en métal.

Détail désagréable : le modèle que nous avons testé avait, collé sur le dessus du capot, un large autocollant publicitaire vantant les nouvelles caractéristiques du scanner qui s’est avéré très difficile de décoller.

Les différences de fabrication

Nous ne décrirons ici que les différences constatées de visu avec le modèle immédiatement précédent, le Perfection 4870. 

On constate que le capot est différent, non seulement parce qu’il est maintenant uniformément métallisé, mais aussi parce qu’il présente sur le dessus une bande sur presque toute sa longueur. 

Dessus du capot

A gauche l’Epson 4870,
à droite le 4990

Cette bande est en plastique transparent fumé. En dessous de celle-ci se déplace un témoin lumineux LED de progression du scan en cours (en fait la LED bleue est fixée au chariot de l’illuminateur et se déplace en même temps que lui). En façade, on retrouve à la fois le bouton de mise en route de l’appareil et le bouton Smart Panel qui lance le programme Epson File Manager (une fois configuré…).

L’autre face du capot révèle une surface vitrée bien plus grande en largeur, L’ouverture est maintenant de 22.3cm par 28.7cm (contre 15.4cm par 27cm auparavant). Le mécanisme que laisse voir la vitre est aussi légèrement différent : la nappe de raccordement électrique se déroule maintenant presque au centre, et un nouveau rail de guidage métallique est apparu au milieu du fond du capot.  

L’autre face du capot

à gauche l’Epson 4870, 
à droite le 4990

Le chariot capteur + lampe est aussi différent, laissant entrevoir des composants électroniques plus nombreux sur le coté (nouvelle électronique ?). La documentation commerciale annonce un Capteur Matrix CCD™ couleur alternatif 6 lignes avec microlentille 122 400 pixels (20 400 x 2 lignes x 3 couleurs). Enfin, comme nous l'avons déjà signalé, les deux charnières arrière d’articulation entre le capot et le corps de l’appareil sont maintenant en métal. 

Corps de l’appareil vu du dessus

à gauche l’Epson 4870,
à droite le 4990

Les 4 supports de films fournis semblent rigoureusement identiques à ceux fournis avec le 4870. Seule différence constatée : le marquage par sérigraphie différent (indiquant symboliquement qu’il faut disposer les films de telle façon que la droite et la gauche apparaissent inversés vu du dessus).  

Les caches film fournis avec le 4990


L’arrière de l’appareil est identique pour les deux modèles : connecteur pour le cordon d’alimentation secteur, connecteur carré pour câble USB, et connecteur Firewire  IEEE1394.  

connecteurs arrières :

en haut l’Epson 4870, 
en bas le 4990

Installation du scanner Perfection 4990

Attention ! Si vous souhaitez connecter un Perfection 4990 à la place d’un 4870, il est fortement recommandé de désinstaller TOUS les logiciels Epson précédents : Silverfast, pilote Epson et autres utilitaires (c’est ce que recommande le fabricant). N’ayant pas suivi ce conseil, j’ai installé tous les programmes sur une installation précédente pour un modèle 4870, ce qui n’a pas posé de problème, si ce n’est de me proposer maintenant systématiquement le choix entre les deux appareils lors des scans, ce qui finit par être agaçant. On peut donc imaginer une installation simultanée des deux appareils, bien que je n’en voie pas l’intérêt dans la pratique. Les logiciels fournis apparaissent dans de nouvelles versions (en tous cas par rapport à celles des logiciels fournis avec le 4870 il y a un an), et comprennent des nouveaux venus, notamment L’Epson Creativity Suite qui comprend plusieurs modules : Attach to Email (scan d’une image, réduction de taille automatique, et lancement automatique du logiciel de messagerie avec l’image en pièce jointe dans un message vierge), Send to Web (envoie des images directement sur un site web après le scan), Event Manager, Scan Assistant, Epson File Manager (sorte d’explorateur de fichiers et gestion de fichier image, avec lancement rapide du pilote du scanner ou de Photoshop Elements).

L’installation sur un système Windows XP SP2 s’est faite comme un charme et très rapidement. Le logiciel d’installation démarre automatiquement lorsqu’on met le CD dans le lecteur, et détecte automatiquement que vous parlez français ! Important : il faut absolument installer les pilotes Epson avant de raccorder le scanner à l’ordinateur et le mettre sous tension. Ne pas respecter cette procédure vous obligera à effectuer une installation des pilotes manuelle beaucoup moins simple que celle qui se déroule automatiquement dans le cas contraire.

Photoshop Elements d’Adobe est fourni sur un CD séparé. Ce logiciel est une version réduite et simplifiée du célèbre Photoshop. L’installation de ce logiciel est évidemment optionnelle. La version d’Elements fournie avec le 4990 est la même que pour le 4870 : 2.0. Le logiciel arrive en version PC et Mac.

Enfin, le pilote Silverfast 6.0 SE est fourni, en version 6.2, la même que pour le 4870. Nous ne décrirons pas plus en détail ce logiciel qui n’a pas changé.

L’installation des logiciels du scanner fait apparaître des icônes sur le bureau : Epson File Manager, Epson Scan, PERF4990P (mode d’emploi numérique), et des entrées dans le menu Démarrer, regroupées dans un sous-menu appelé Epson Creativity Suite.

Enfin, avant la première utilisation, vérifier que le verrou qui immobilise pendant le transport le chariot du capteur est déverrouillé, sous peine d’endommager la courroie crantée de l’appareil. Penser aussi à déverrouiller de la même manière le chariot du capot.

Première numérisation

Le logiciel Epson Scan (version 2.61F) permet de réaliser les numérisations de manière autonome. Ce programme est en fait le frère jumeau du pilote Twain que l’on connaît depuis le 2450 et qui est appelé depuis un logiciel comme Photoshop, mais en version exécutable. 

Avec ce logiciel, après le scan, l’image est directement enregistrée dans le répertoire prédéterminé. Les formats de fichiers proposés pour l’enregistrement sont variés : BMP, TIFF, JPG, multi-TIFF, PDF, PrintMatchII JPEG et TIFF (version avec infos EXIF). Les options permettent de régler la qualité de compression du JPEG, la compression et le format Mac ou PC du TIFF. L’enregistrement PDF se fait en déterminant la taille du document receveur de l’image (A4 par défaut), et les marges de la page. Le répertoire de destination est modifiable et pointe par défaut dans Mes Documents/Mes Images. Comme plusieurs plages de numérisation peuvent être définies en une fois, plusieurs images seront enregistrées. Pour permettre cela, Espon Scan propose de définir une entête de fichier image (ex : IMGnnn.JPG) et une numérotation automatique. On obtient donc les images IMG001.JPG, IMG002.JPG, etc… On peut démarrer la numérotation à partir du nombre désiré.

 

La numérisation de documents opaques se fait facilement et très rapidement. Les documents obtenus sont de très bonne qualité, comme ils l’étaient déjà avec le 4870 et le 3200. On peut juste regretter que le système de fixation du cache à mettre sur le capot pour couvrir l’illuminateur soit en apparence si fragile.

 

Evidemment, ce qui nous intéresse le plus est la numérisation de films : j’ai donc très vite procédé à une numérisation d’une bande diapo 6x6 (pour tous nos essais, sauf mention contraire, un film Fuji Provia 400F).

Le temps de préchauffage de la lampe n’a pas changé avec les versions précédentes. Lors du scan, on peut patienter en regardant avancer la petite lumière bleue sur le capot qui indique la position du chariot. Pas très utile, mais charmant.

Le déplacement du chariot est plus silencieux que celui du 4870 et ne « couine » pas.

La petite lumière bleue en action…

La numérisation se fait manifestement un peu plus vite qu’avec le 4870 (je reviendrai plus précisément sur ce point ensuite). Voici les premiers résultats à 4800 dpi (je n’ai pas résisté au vertige des hautes résolutions) d'une diapo 6x6 :


Time Square – New-York – 01/04 – ©Pierre Movila

Si vous cliquez sur ce lien, vous pourrez accéder au fichier intégral à 4880dpi (un peu dégradé par la compression JPEG tout de même) pour vous rendre compte de ce que représente une telle image (plug-in flash nécessaire) :

http://www.movila.org/zoom/photo.htm

De toute évidence, en utilisant les réglages par défaut (+autoexposition), les numérisations donnent d’emblée des images plus contrastées et plus saturées qu'avec le modèle 4870. Pour ces numérisations, nous avons utilisé les caches adaptés au 6x6. Pour tous les tests qui suivent, j’ai utilisé le mode par défaut : autoexposition, filtre Sharpen Mask moyen, pas de réduction du grain, ICE sauf mention contraire désactivé, calibration couleur Epson (pas de profil ICC). 

le scan en mode « full film area »

Le scan en zone film complète se fait avec le masque spécial en plastique fin fourni. Dans le pilote Espon Scan, on peut maintenant choisir une nouvelle option à coté de « document opaque » et  « film avec support film » : « film avec guide zone films ». Cette option permet d’utiliser toute la surface de la zone numérisable. Le cache délimite une zone de 20.70cm par 25.70cm, soit notablement moins que la vitre du capot : 22.30cm par 28.70cm. 

Le cache « film area guide »

Au niveau du pilote de numérisation, on peut sélectionner une surface au maximum de 20.25cm par 25.40cm, ce qui représente selon les résolutions (on peut rêver… ou se prendre pour Andreas Gursky – reste à trouver l’imprimante adaptée !) : 

résolution

largeur

hauteur

taille de fichier

Taille du document à 300dpi

1200 dpi

9567px

12000px

328.45Mo

81cm x 101cm

2400 dpi

19134px

24000px

1.28Go

162cm x 203cm

3200 dpi

25512px

32000px

2.28Go

216cm x 271cm

4800 dpi

38268px

48000px

5.13Go

324cm x 406cm

Tout cela est de la théorie, mais dans la pratique, il n’est pas possible de numériser une telle surface à 3200 et 4800 dpi, le pilote refusant d’accomplir une tâche aussi colossale (et sans doute peu utile…). Mais j’ai réussi à réaliser une numérisation à 2400dpi de la surface maximale dans un délai de l’ordre de15 minutes. Même en mode 48 bits, on peut numériser un format 20x25 à 2400 dpi (durée : 20 minutes), ce qui est une bonne nouvelle pour les adeptes du 8"x10" (prévoir au moins 1Go de mémoire RAM dans votre ordinateur, voire 2Go, car Photoshop + Epson Scan lors de la numérisation de ce copieux document occupent 1.3Go en mémoire).

Il est possible de numériser un 4"x5" à 4800dpi, et un 5"x7" à 3200dpi au maximum. Noter que le mode ICE n'est pas disponible dans le mode zone film complète (ni d'ailleurs avec le mode document opaque). Les limitations de zone de numérisation sont apparemment liées à la mémoire interne du scanner (mémoire tampon). On peut imaginer (mais est-ce possible ?) une numérisation à 4800dpi en deux fois d'un film 8"x10" (avec reconstitution dans un logiciel d'édition type Photoshop), mais prévoir à nouveau une configuration d'ordinateur plus que musclée…

Dans ce mode, le film à numériser est en contact avec la vitre du scanner et n'est pas tenu en place par un guide ce qui peut potentiellement poser des problèmes d'apparition d'anneaux de Newton et des problèmes de netteté pour les films gondolés. Comme on ne peut pas s’appuyer sur le rebord arrière de la zone de numérisation (à cause de la bande libre à laisser pour le calibrage auto de l’appareil), il est assez difficile de caler le film pour respecter l’orthogonalité : les scans sont souvent un peu de travers et nécessitent un redressement numérique après le scan. Il faudra sans doute utiliser un morceau de verre pour écraser le film sur la vitre, ou créer des supports spéciaux pour remédier à ces inconvénients.

Avec des imprimantes de qualité photo grand format comme l'Epson 9600, plus rien ne vous empêche d'imaginer des tirages de plus d'un mètre par 1,40m à 300dpi à partir de la numérisation d'un film 8"x10" à 2400dpi. Des sensations inédites en prévision, y compris pour le porte-monnaie !

Vitesse de numérisation

Nous avons procédé à des tests de vitesse de numérisation de films avec différents modèles de scanners Perfection, différentes résolutions et options comme le système ICE. Noter que le scanner 4990 est donné par son constructeur comme 40% plus rapide que ses prédécesseurs. Voici, résumé dans un tableau les différents résultats obtenus :

 

Perfection 3200

Perfection 4870

Perfection 4990

gain 4870-4990

image 6x6 complète   1200 dpi - diapositive Fuji Provia 400F

24 bits

24 bits

24 bits

 

59"

1'03

47"

25%

48 bits

48 bits

48 bits

 

1'12

1'06

47"

29%

ICE 48 bits

ICE 48 bits

ICE 48 bits

 

ND

4'32

4"07

9%

image 24x36  24 bits  diapositive Fuji Provia 400F

1200 dpi

1200 dpi

1200 dpi

 

38"

43"

42"

2%

2400 dpi

2400 dpi

2400 dpi

 

1'06

1'19"

58"

26%

3200 dpi

3200 dpi

3200 dpi

 

1'32

1'46"

1'20"

24%

4800 dpi

4800 dpi

4800 dpi

 

ND

2'19"

2'09"

7%

4800 dpi + ICE

4800 dpi + ICE

4800 dpi + ICE

 

ND

8'08"

6'47"

17%

 

 

 

 

 

Conditions de test : PC Dell 8840 - Pentium 4HT 3.4GHz - 2Go RAM Bicanale DDR2 400MHz, disques RAID0 Stripe SATA 10000t/m - ATI Radeon X800SE, Windows XP family SP2, interface FireWire IEEE1394. Sauf : tests du modèle 3200 réalisés sur Mac G4 biprocesseur 1.42GHz, 1Go DDR SDRAM, disque SCSI non RAID, système 10.3.

 

Le gain en vitesse est sensible, mais n’atteint pas les 40% annoncés. Ce gain augmente avec la surface à numériser. En 4x5, à 4800 dpi on atteint un gain de l’ordre de 30% entre 4870 et 4990, ce qui n’est pas négligeable.

Le système ICE, très performant est néanmoins consommateur en temps : compter un délai de numérisation multiplié par 3.

Il est très clair que la puissance de l’ordinateur rattaché au scanner influence beaucoup la vitesse de numérisation. Un essai fait sur un modèle de PC plus ancien a montré des temps de numérisation avec ICE de l’ordre de la demi-heure ! Les éléments clés sont la puissance processeur, la mémoire vive, et le système disque (RAID et vitesse de rotation).

Qualité de numérisation

Le scanner 4990 est un appareil qui donne d’excellents résultats d’une manière générale. Mais l’appréciation de la qualité de numérisation de manière objective est difficile à réaliser car les paramètres à prendre en considération sont multiples et dépendent des besoins de chacun.

Pour être au mieux équitable, j’ai procédé comme suit :

-        Comparaison de visu de détails de numérisation de la même image pour ce qui est de la résolution, recherche d’amélioration de la Dmax avec une diapositive avec zones d’ombres denses, et de rendu des hautes lumières sur une image contrastée.

-        Numérisation d’une mire couleur Ekta IT8 pour tester l’acquisition des couleurs

-        Numérisation d’une mire millimétrique pour visualisation des effets de bord (raies horizontales et verticales)

-        Test ICE (diapo avec poussières), test réduction de grain

Toutes le images présentées sont livrées telles qu’elles, c’est à dire sans retouche ni réglage couleur ou luminosité, ni filtre de renforcement, telles que produites par le scanner.

 

Détails d’image scannée :

Voici la photographie qui a servi à la comparaison, 6x6cm, Provia 400F : 

True Crime. 
01/04 – New-York –
© Pierre MOVILA

Cette photo présente à la fois des zones en haute lumière, basse lumière, et beaucoup de détails (livres). Cette photographie est sous forme de diapositive Provia 400F, format 6x6. La prise de vue a été réalisée avec un Hasselblad 500C, objectif 80mm / f :2.8.

 Voici des zones de détails agrandis pour les 3 scanners testés, et tout d'abord le 4990 : 

 

 

Résultats avec le 4990 : 

Zone de haute lumière – 4990 / scan à 4880dpi, 48 bits, sans ICE.

Zone de basse lumière – 4990 
scan à 4880dpi, 48 bits, sans ICE.

Zone de détail – 
4990
scan à 4880dpi, 48 bits, sans ICE.

 

D’emblée, on constate que le scanner s’en sort très bien, avec un niveau de bruit faible dans les basses lumières, du modelé dans les hautes lumières, et de la finesse dans les zones détaillées (évidemment sans comparaison possible avec un Imacon…).

Par rapport aux modèles précédents, on constate surtout un contraste plus élevé et une meilleure saturation des couleurs qu'avec les anciens modèles.

Pour faciliter la comparaison entre les 3 modèles, j’ai utilisé la résolution 3200 dpi, la seule accessible par les trois modèles.


Hautes lumières


De gauche à droite : Epson 4990, 4870, 3200

 

Basses Lumières


De gauche à droite : Epson 4990, 4870, 3200

 

Niveau de détail


De gauche à droite : Epson 4990, 4870, 3200

  

24 ou 48 bits ?

Est-il utile d’utiliser le mode 48bits (16 bits par composante RVB) plutôt que le mode 24 bits ? Eh bien la réponse est oui, même si la numérisation 48 bits est ramenée ensuite à 24 bits dans les logiciels de retouche et pour l’impression. Ceci est tout particulièrement vrai pour les images contrastées.

Deux images valent tous les discours : 

A gauche numérisation 48 bits ramenée à 24bits, à droite 24 bits.
Noter le « mouchetis » dans les hautes lumières dû à un écrêtage des valeurs les plus hautes.

Ce défaut peut être minimisé en réglant finement le gamma et la luminosité de l’image lors du scan, mais pour des photographies très contrastées avec beaucoup de nuances colorées, l’usage du mode 48 bits est recommandé. Attention, il faut que votre logiciel d’édition d’image soit compatible avec ce mode. C’est le cas avec Photoshop (et bien d’autres…). Dans le cas contraire, on peut utiliser le mode conversion à la volée de Silverfast : Silverfast propose en effet de numériser en 48bits et de convertir en 24 bits dans le temps de la numérisation.

 

ICE : un gadget ?

Le système de réduction de poussière proposé par le 4990 (comme le 4870) est le procédé ICE (Image Correction & Enhancement – licence de l’éditeur Applied Science fiction, voir le site http://www.asf.com/). Il s’agit d’une technique impliquant des ressources matérielles particulières, et fonctionnant en réalisant un scan supplémentaire de l’image appelé « defect scan » ou couche D (comme RVB pour les couches des 3 composantes couleur). Il n’existe pas de filtre purement logiciel ICE, seuls les matériels équipés du « détecteur D » peuvent l’utiliser.

Encore une fois, voici un exemple parlant réalisé sur le 4990 :

A gauche l’image scannée sans ICE et à droite avec ICE. 

Noter la disparition quasi « miraculeuse » des poussières. 

Le système ICE fonctionne par détection des pixels « poussière » qu'il remplace par recopie de pixels voisins comme on pourrait le faire avec l’outil tampon de Photoshop. ICE fonctionne aussi pour réparer les petites rayures et « trous d’épingle ».

Attention : ICE ne fonctionne pas du tout avec des négatifs noir et blanc, et assez mal avec les Kodachrome. On peut aussi utiliser ICE avec le négatif couleur type C41.

Est-ce un gadget ? Non, certainement pas, vu les résultats obtenus. Mais ce système a tout de même quelques inconvénients : le temps de numérisation multiplié par 3, et un mauvais fonctionnement pour les grosses rayures et grosses poussières pour lesquelles le système crée de gros artéfacts pires que les défauts d’origine. A utiliser avec parcimonie donc, mais vraiment utile pour les photos avec une grande surface de ciel ou des aplats de couleur ou des dégradés subtils.

 

Rendu couleur

Nous avons numérisé une mire Kodak IT8 format diapo Ektachrome 24x36 avec les 3 scanners.

 

EPSON 3200

EPSON 4870

EPSON 4990

On constate dans les 3 cas un bon rendu des couleurs (les différences de luminosité n’ont pas été compensées, les images sont produites telles quelles), notamment les tons chairs. La comparaison visuelle avec la diapositive montre que la numérisation restitue des tons plus froids que l’original (la numérisation a été faite sans calibration ICC, avec le driver Epson par défaut).

Le 4990 semble accéder à une étape de plus dans les hautes densités (échelle de gris, différences perçues jusque 20-21, contre 19-20 pour les autres scanners.

 

Voici les histogrammes Photoshop pour les trois images : 

Epson 3200

Epson 4870

Epson 4990

 

Bruit de fond

Ci-dessous, le fort agrandissement d’une zone noire dense, rehaussée en luminosité dans Photoshop (avec une intensité différente dans les deux cas - le 4990 produit un bruit plus discret et moins contrasté) :  

Epson 3200

Epson 4990

On voit un niveau de bruit à peu près équivalent, mais à la granularité plus fine pour le 4990 (numérisation à 3200 dpi dans les 2 cas).

Il faudrait mesurer l'amplitude de ce bruit, et le décrire statistiquement, mais on peut voir à l'œil (et sans rehausser la luminosité) que le 4990 a un niveau de bruit dans les noirs profonds bien inférieur à celui produit par le 3200 et dans une moindre mesure par le 4870.

 

Pouvoir séparateur

L’agrandissement de détails des numérisations de mire IT8 Ektachrome 34x36 permet de voir une meilleure définition des détails fins en faveur du 4990, surtout importante entre le 3200 et le 4990 (numérisations à 3200dpi).

Epson 4990

Epson 4870

Epson 3200

 

J’ai réalisé une mire sous Illustrator, tirée par une flasheuse sur un film transparent.

Cette mire donne des traits de contraste local très précis et une forte densité de noirs.

 

Trame verticale : 1 trait fin  = 160eme inch

Epson 4990

Epson 4870

 

Trame horizontale : 1 trait fin  = 160eme inch

Epson 4990

Epson 4870

Trame verticale :
1 trait = 1/320eme de cm de large, espace entre traits de même largeur

Epson 4870

Epson 4990

Voici très agrandie, l’image renvoyée par le scanner d’un trait horizontal noir de 0.04pt 
(transparent avec trait Postcript de 0.05pt tiré sur une flasheuse Agfa de linéature 200, 
équivalent 2450 dpi) : 

à gauche Epson 4990
à droite Epson 4870

On constate un effet de bord plus net avec le 4990, un moirage moins étalé. A ce niveau d'agrandissement, la diffraction est particulièrement visible, mais elle "disparaît" visuellement sur les tirages ou en affichage plein cadre.

Le contraste et la luminosité n’ont pas été modifiés, les numérisations sont celles obtenues avec une autoexposition et les réglages par défaut.

 

Numérisation noir et blanc

La numérisation d’un négatif noir et blanc ne pose pas de problème particulier. Le grain est évidemment plus présent qu’avec des diapositives. Les tonalités et les détails sont bien rendus. Reste bien entendu le problème d’imprimer ces belles numérisations !

Noter que le système ICE ne fonctionne pas en noir et blanc (sauf films chromogéniques).


détail (Tmax 400 - 120)

British Museum – Londres 08/03 – © Pierre Movila

 

Réduction de grain

La numérisation de négatifs couleur C41 donne aussi de bons résultats, même si l’équilibre des couleurs est plus difficile à obtenir.

Voici un exemple de numérisation obtenue avec un négatif 120 – Fuji NPH-400 sur le 4990.


New-York – 01/04 – © Pierre Movila

Le système de réduction de grain proposé par le pilote Epson est efficace, mais au prix d’une forte perte de piqué et, curieusement, d’une modification de tonalité des couleurs de l’image. Voici agrandies des zones de la photo ci-dessus, avec et sans réduction de grain :


Epson 4990 – à gauche sans réduction de grain et à droite avec réduction de grain

Conclusion

De toute évidence, Epson a encore fait des progrès avec ce nouveau scanner. Mais ces progrès sont discrets par rapport au modèle 4870 pour ce qui est la qualité d’image obtenue :

  • pas de gain en résolution

  • un tout petit peu de gain en piqué

  • un rendu couleur équivalent aux précédents modèles

  • un meilleur contraste et une saturation des couleurs plus évidente avec des films sur exposés par exemple

  • une progression en Dmax à peine perceptible (4.0 ?)

  • une vitesse de scan environ 15-20% plus rapide

  • une plus grande surface de numérisation qui ouvre enfin la porte à la numérisation de documents 8x10 jusqu’à 3200 dpi

  • pas d’évolution logicielle majeure

  • numérisation directe sur la vitre prévue par le pilote de scan

  • un prix supérieur et une disponibilité encore limitée

  • la petite lampe bleue en prime !

On sent qu’une certaine limite est atteinte avec ce type de scanner, mais les résultats obtenus sont plus qu’honorables, sans rivaliser encore avec ceux obtenus avec un scanner haut de gamme dédié film. En fait, tout dépend du format auquel vous imprimerez vos images : si vous faites du moyen ou grand format et que vous imprimez au maximum en A3… vous risquez fort de ne pas voir la différence avec un scanner plus performant ! La DMax est bonne, le rendu couleur très correct, et la définition d’image tout à fait remarquable dans cette gamme de prix. On ne peut donc que recommander le 4990 dans ce contexte. Et si vous faites du grand format, surtout du 8x10, alors c’est le scanner que vous attendiez et qui va vous ouvrir un tout autre univers ! La question que l’on peut se poser maintenant est : que va proposer Epson avec son prochain scanner ?

Mes conseils

  • si vous faites du grand format jusqu’au 8x10, c’est le scanner que vous attendiez, mais il faudra peut être changer d’ordinateur pour un plus puissant

  • vous avez déjà un scanner 2450 ou 3200 : si vous êtes exigeant et que vous faites des impressions de grand format, le 4990 vous amènera incontestablement une meilleure qualité d’image. Sachez quand même qu’il est plus adapté au moyen et grand format qu’au 24x36

  • vous ne faites que du 24x36 : achetez un scanner film dédié, comme les Nikon Coolscan par exemple

  • vous avez déjà un Epson 4870 : honnêtement, l’évolution avec le 4990 est modeste et ne peut répondre qu’à des besoins spécifiques. Attendez le suivant, et en attendant passez de 400ISO à 100ISO !

  • vous n’avez pas de scanner du tout : si le prix ne vous rebute pas, vous ne regretterez pas votre achat !

  • vous ne faites que des tirages 10x15 : achetez un 3200 ou un 4870 sur ebay, ou mieux, passez au tout numérique ! 

 

 

 

voir également, du même auteur :
Profil ICM pour scanner Epson 4990 

 

 

   

 

dernière modification de cet article : 2005

 

     
 

 

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